Corse : les révélations choc de Santoni



Du fond de sa résidence clandestine en Corse du sud, François Santoni, secrétaire général de la Cuncolta, la vitrine légale du FLNC-Canal historique, a répondu aux questions de l'un de nos confrères de l'Est-Républicain d'aujourd'hui. Certaines de ses révélations, peu amènes vis à vis d'Alain Juppé, mettent à mal la politique menée, depuis plusieurs mois par le gouvernement avec les nationalistes corses. La réaction de Matignon, ce matin a été de démentir formellement toutes ces affirmations.

Parmi les points les plus surprenants de cet interview, les explications de Santoni sur le déroulement des négociations. La fameuse conférence de Presse de Tralonca, lors de laquelle s'étaient réunis en janvier plus de 600 nationalistes cagoulés, à la veille de l'arrivée sur l'île du ministre de l'Intérieur, aurait, selon lui, était parfaitement connue du gouvernement. Le texte de cette conférence aurait, selon lui, été préalablement adressé à Alain Juppé et à Jean-Louis Debré, qui aurait donc fait son discours du lendemain en conséquence. Selon Santoni, non seulement ce "rassemblement avait été négocié avec le gouvernement", mais il avait également été demandé aux nationalistes de s'y rendre massivement, afin de "prouver que l'ensemble du mouvement adhérait à la thèse du dialogue". Tous les aspects, matériel et politique de la conférence auraient donc été préparés. Aussi, l'ouverture d'une information judiciaire par le Parquet de Paris sur ce rassemblement, apparaît aux yeux de Santoni comme une manoeuvre grossière d'Alain Juppé pour se défendre d'avoir participé à de quelconques négociations.

La politique de dialogue, dont le gouvernement s'est défendue, est selon Santoni un secret de Polichinelle. "Les contacts n'ont jamais été secrets. Ce qui était secret c'était le nom des émissaires du gouvernement", explique-t-il, avant d'ajouter que "compte tenu de la situation", il est "contraint de les révéler". Pêle-mêle, Santoni cite les noms de Jean-Michel Roulet, préfet chargé des Affaires intérieures et de la sécurité à Matignon, Maurice Gourdault-Montagne, directeur de cabinet, Jean Claude Antonetti, conseiller technique de Juppé et Patrick Stéfanini, ancien directeur de campagne de Chirac.

François Santoni se déclare toutefois encore optimiste sur l'avenir de la situation en Corse, au sens où il n'y aura pas d'"affrontement", si, selon ses termes, Alain Juppé n'est pas "véritablement buté". S'il reconnaît que le "FLNC a les moyens et la volonté politique de poursuivre son action", il espère que le Premier ministre "va finir par comprendre que la répression ne réglera rien". Matignon, pour sa part, dément formellement les propos du "terroriste Santoni".

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